Savez-vous que le 3 novembre a été choisi pour la journée internationale de la gentillesse ? L’idée vient du Japon, elle s’est propagée dans les pays anglo-saxons et est arrivée en France en 2009 et depuis les attentats de 2015, c’est le 3 novembre que chacun peut faire exception à ses comportements désagréables.
On dit de lui qu’il est gentil…. Comme une personne qui serait un peu simple d’esprit. On peut fréquemment entendre « trop bon, trop con ! » ou bien Jacques Weber qui disait « la gentillesse est la noblesse de l’intelligence ».
Mais savez-vous ce qu’est la gentillesse et ce qu’elle n’est pas ? D’où vient-elle ? Comment se manifeste-t-elle ? Que produit-elle ? Et finalement doit-on être gentil ?
La gentillesse a plusieurs origines et son usage a traversé les temps.
De l’étymologie tenant du dérivé « gentil » dans l’empire Romain, les « gentilis » étaient des soldats barbares faisant partie d’une troupe de cavaliers de la garde impériale, au Bas-Empire. On désignait ces personnes, les « gens » comme un ensemble de personnes qui appartient à une famille, de famille, de race, qui porte le même nom, qui appartient à la maison d’un maître.
Puis les chrétiens ont utilisé le terme de « gentil » afin de désigner ceux qui n’exerçaient pas la « bonne foi » comme les juifs désignaient les « goy ».
Enfin on trouve une dernière origine à ce mot qui serait médiévale avec le « gentil-homme ». Il faudra attendre Guillaume Budé à la Renaissance pour voir le néologisme « gentilhomme » visant l’aristocratie. A cette époque on dit du « gentilhomme » qu’il est gentil et anobli. En 1789 c’est la fin de la gentillesse comme de mode de vie sociale, comme mode de vie aristocratique et la gentillesse devient une vertu morale avec cette idée de bienfaisance, de rendre service sans culpabilité.
La gentillesse serait donc selon le dictionnaire Larousse : « un comportement altruiste destiné à prendre soin des autres, tenant en compte la sensibilité d’autrui afin de ne pas le brusquer ou l’offusquer. »
La gentillesse ne serait donc pas de la méchanceté, ni un comportement désagréable, désobligeant, malfaisant, déplaisant, odieux…
La gentillesse des bourrus
Cette évolution de définition de la gentillesse qui a traversé les civilisations, traverse également la société actuelle. Elle serait ainsi circonstancielle. La gentillesse serait ainsi un comportement ou attachée à une personne ? Serait-elle subjective ?
A notre époque, la gentillesse implique un don, une présence, une apparence. On peut avoir l’air gentil. Mais pour qu’elle soit pleine et entière, la gentillesse doit être à 100 % perçue des deux côtés : celui qui donne/fait et celui qui reçoit. L’exigence en matière de gentillesse, c’est la conscience de l’attention à l’autre. Etre gentil, ça peut être une nature, mais le top, c’est dans la décision d’être gentil. C’est être gentil volontairement, d’être attentif à l’autre, prévenant, de l’aider, sans dérive de prise de pouvoir, sans faire une démonstration d’autorité sur l’autre. Il n’est pas non plus question de respect, d’empathie ou de sollicitude. L’excellence de la gentillesse est dans cette posture sans feinte, un état de confiance et de l’altérité. On pourrait presqu’y percevoir une posture d’entente implicite.
Alors, vous en dites quoi ? Le gentil donne de lui. Il partage. Il est généreux. Il fait preuve de compréhension. Il fait l’impasse sur des maladresses. Il soutient sans retour. Par une humeur surfant plus sur l’accueil que la tolérance, le gentil entre en relation avec autrui. Il a cette simplicité de rendre service à une personne, laquelle n’a même pas besoin de le demander. Trop fort, le gentil, trop accessible, la gentille, et sympa, même si quelque peu bourru(e), ça peut passer.
Allez-vous choisir d’être gentil ?
Les résistances à la gentillesse aujourd’hui résideraient-elles dans l’idée que donner repose sur un calcul, une spéculation ? Tout est enseigné dans un rapport de rentabilité, de gestion, de retour sur investissement. N’est-ce pas un obstacle à la gentillesse ? Il faut se méfier de l’autre, ce prédateur potentiel, ce fourbe calculateur, cet imposteur de la gentillesse. La vie d’entreprise est elle-même soumise à des règlementations qui rendent la gentillesse soupçonnable.
Ainsi doit-on être gentil ? Et avec qui ? Que fait-on de cette injonction parentale « sois gentil, hein ! » ou bien moralisatrice « il faut être gentil avec son prochain » ? Il manque le savoir comment faire, surtout dans les moments où l’agacement est là. Il manque une transmission de compétence en gentillesse, enfin, si l’on veut que ça marche dans ce sens. Hé oui, si l’on considère la gentillesse comme une posture nous pourrions ainsi préciser que cela s’apprend. Mais si on la considère comme un danger ou une imposture, alors oublions d’être gentil.
Pourtant, n’oubliez pas, si aujourd’hui vous avez loupé le coche, demain est un autre jour qui vous fournit l’occasion d’être gentil…
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